Pour un désarmement nucléaire mondial, seule réponse à la prolifération anarchique
Für weltweite atomare Abrüstung - Ein Aufruf ehemaliger hochrangiger Militärs und Politiker Frankreichs
Die im Folgenden dokumentierte Erklärung ehemaliger führender Politiker
und Militärs aus Frankreich verdient besondere Beachtung, und zwar vor
allem deshalb, weil Frankreich auf die eigenen Atomstreitmacht (force de
frappe) nie etwas hat kommen lassen. Sie gab dem Land lange Zeit das
außenpolitische Selbstbewusstsein, das nach dem Algerienkrieg und dem
Zusammenschmelzen der französischen Kolonien und Überseegebiete verloren
zu sein schien.
Die Erklärung von
Alain Juppé, ehemaliger Premierminister,
General Bernard Norlain, ehemaliger Luftwaffenchef,
Alain
Richard, ehemaliger Verteidigungsminister und
Michel Rocard,
ehemaliger Premierminister steht nun in einer Reihe mit ähnlichen
Erklärungen, die einmal von hochrangigen ehemaligen
US-amerikanischen
Politikern und zum anderen von früheren
deutschen
Politikern herausgegeben wurde. Als wichtigstes Argument für die
Abschaffung der Atomwaffen wird in dieser Erklärung die Festigung des
Nonproliferations-Regimes hervorgehoben.
Wie immer stellt sich natürlich die Frage, warum Politiker und Generäle
meist erst dann ihr Herz für Abrüstungsfragen öffnen, wenn sie nicht
mehr im aktiven Dienst stehen. Vorher wäre es nötiger - und effektiver.
Gleichwohl: Die französische Erklärung (sie liegt bisher leider auch nur
auf Französisch vor) dürfte in der innenpolitischen Diskussion
Frankreichs ihre Wirkung nicht verfehlen. Für die an atomarer Abrüstung
interessierten politischen Kräfte in aller Welt, also auch hier zu
Lande, ist das Papier ein weiteres gutes Argument, im Kampf um eine
atomwaffenfreie Welt nicht nachzulassen.
Pst
Pour un désarmement nucléaire mondial, seule réponse à la
prolifération anarchique
Conçue dans la lutte extrême de la seconde guerre mondiale, l'arme
nucléaire est devenue l'outil de la dissuasion mutuelle des deux
protagonistes de la guerre froide, rejoints par le Royaume-Uni, la
France et la Chine. La dissuasion, associée à la suprématie stratégique
des "deux grands" de l'époque, a joué un rôle de limitation des conflits
armés pendant la guerre froide ; elle a conservé en partie cette
fonction depuis lors. Deux évolutions profondes de la scène mondiale
obligent cependant à réexaminer le rôle de l'arme nucléaire pour demain.
D'une part, la variété des conflits après la fin des blocs offre
beaucoup moins de prise aux mécanismes de la dissuasion. Beaucoup des
acteurs y sont engagés avec des objectifs purement locaux, ne se rangent
aux pressions d'aucune puissance globale et n'atteignent pas les
intérêts vitaux des puissances nucléaires. Celles-ci ont opté
durablement pour des politiques coopératives dans leurs rapports
mutuels. Les seuls porteurs d'une contestation globale sont des acteurs
non étatiques tentant de répandre leur fondamentalisme. La pertinence
stratégique de la dissuasion connaît des "angles morts" de plus en plus
larges.
D'autre part, l'instrument de régulation constitué par les accords
antiprolifération à partir du traité de 1968 a perdu de son efficacité.
Il a pu, voici deux ou trois décennies, amener certains Etats à ne pas
acquérir l'arme nucléaire ou à s'en défaire. Mais les engagements des
puissances nucléaires qui fondaient l'équilibre du système n'ont pas
abouti. Israël, l'Inde et le Pakistan sont entrés dans le "club" sans
résistance, le règlement des crises régionales les plus aiguës n'a pas
été obtenu et les détenteurs de l'arme n'ont fait que des progrès
limités dans le processus de désarmement auquel ils avaient souscrit.
Ces échecs de la non-prolifération, que confirment et accentuent les
actions de l'Iran et de la Corée du Nord, ont des conséquences
cumulatives : la légitimité des accords actuels est affaiblie par les
proliférations déjà admises, l'efficacité d'un système fondé sur un
petit nombre d'acteurs connaissant la cohérence stratégique de
l'adversaire est minée par l'arrivée de nouveaux venus. Le phénomène
contient des risques d'emballement à terme par la multiplication des
protagonistes et par l'instabilité institutionnelle pouvant affecter
l'un d'eux. La sécurité internationale est donc gravement en cause.
Ajoutons que les succès relatifs obtenus contre la prolifération
d'autres types d'armes peuvent être fragilisés par la propagation de la
plus puissante des armes de destruction massive qu'est l'arme nucléaire.
La conséquence de ces observations est claire: la réussite de la
non-prolifération est une nécessité première pour la paix, et elle
repose sur des initiatives urgentes et beaucoup plus radicales des cinq
puissances nucléaires reconnues par le traité de 1968. Elles doivent
engager un processus conduisant de manière planifiée au désarmement
complet, y associer pleinement les trois puissances nucléaires de fait,
écarter tout projet de développement d'arme nouvelle, prendre plus
d'initiatives et de risques politiques pour surmonter les crises
régionales majeures.
Barack Obama, le président américain, a pris des positions très
prometteuses dans ce sens à partir de son discours de Prague le 6 avril,
puis de ses rencontres avec le président russe Dmitri Medvedev. Un
mouvement stratégique majeur peut être en train de s'engager. Les
obstacles prévisibles sont cependant massifs : l'attachement aux acquis
de puissance de l'establishment politique et militaire aux Etats-Unis,
la méfiance devant le changement des dirigeants russes et chinois, les
stratégies régionales de l'Inde, du Pakistan et d'Israël, la difficulté
d'obtenir la renonciation de la Corée du Nord et de l'Iran.
La France a une place spéciale dans ce débat par sa tradition
d'indépendance, le sens des responsabilités que démontrent la stricte
suffisance de son arsenal et la solidité de ses dispositifs de sécurité,
sa participation persévérante et constructive à toutes les initiatives
de limitation et de contrôle efficace des armements. Elle est tout aussi
intéressée que les autres puissances nucléaires au rétablissement d'une
non-prolifération crédible. Le message politique de paix et de justice
qu'elle entend adresser au monde lui impose d'être un acteur dynamique
et créatif du processus de désarmement effectif et équilibré qui peut
s'amorcer et qu'espèrent la très vaste majorité des peuples de la
planète et tous nos partenaires européens.
Au nom de leur expérience de ce sujet, les signataires de la présente
déclaration expriment le voeu que la France affirme résolument son
engagement pour le succès de ce processus de désarmement et sa
résolution d'en tirer les conséquences le moment venu quant à ses
propres capacités, en ouvrant les débats nécessaires dans ses
institutions démocratiques et en préparant activement les échéances
prochaines de négociation, en premier lieu la préparation de la
conférence quinquennale d'examen du traité de non-prolifération
nucléaire de 2010.
Alain Juppé, ancien premier ministre;
Bernard Norlain,
général, ancien commandant de la force aérienne de combat;
Alain
Richard, ancien ministre de la défense;
Michel Rocard, ancien
premier ministre.
* Publiziert in: Le Monde, 14. Oktober 2009, unter der Rubrik: "Point
de vue"; www.lemonde.fr
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